Monument historique et Bateau du Patrimoine
La Chaloupe est lancée en 1926, à l'aube du cenéma parlant. Son armateur et patron Adrien Mérieult lui donne le nom de ses deux fils: Serge et Olivier.
Les chaloupes d'Honfleur tirent leur élégance du savoir faire des charpentiers de marine qui n'ont jamais cessé d'adapter ces embarcations à l'écosystème de l'Estuaire.
Il n'y a pas d'Architecte: le savoir est oral. Il vient du savoir-faire des patron-pêcheurs, et se transmet de père en fils. Les matériaux proviennent du bois de négoce du port de commerce et des forêts environnantes.
Le Serge Olivier marque l'apogée de la chaloupe à voile honfeuraise. Les lignes d'eau de voilier à retour de galbord du CN Métérie
(1) resteront inégalées, même lorsque, dans les années 1960, une nouvelle génération de chaloupe à moteur fait son apparition. Son gréement auriciseé
(2) rend obsolète la lourde voile au tiers. Ses proportions et ses lignes d'eau sont parfaites. Pourvue d'un lest estérieur qui améliore encore sa stabilité de forme, elle est à même de pratiquer plusieurs métiers. Dès son neuvage, un petit moteur de 8 CV semi-diesel Delaunay Belleville, et un cabestan mécanique en font un bateau moderne.
La guerre n'épargne ni les hommes ni les bateaux. Le 6 juin 1944 au matin, les Allemands détruisent les embarcations du port. Le flanc du Serge Olivier est déchiré par une charge de dynamite. Ce jour-là, la quasi-totalité des bateaux du port de Honfleur disparaît. Le Serge Olivier ne devra son salut qu'à la volonté farouche de son propriétaire de l'extirper de la vase et de le faire flotter à nouveau.
Honfleur vit l'après guerre. Le port et le Vieux Bassin sont désenvasés. Le Bassin du Centre est comblé. Le Serge Olivier est acheté en 1954 par Jacques Cauchois. Ce dernier lui donne un nouveau nom, la Sainte Bernadette, en hommage à son épouse. Ce sera pour lui le bateau de toute une vie.
En marin expérimenté, Jacquot travaille dur été comme hiver à la mer sans cabine... avec les moyens du bord. Au fil du temps, il suit l'évolution des techniques de pêche: la poupée de cabestan est remplacée par un treuil, la vergue de chalut est remplacée par des panneaux, le réserveux à crevettes par un vivier. Deux cabines se succèdent. Le mât devient métallique. Des radars y sont fixés. En fin de carrière, la motorisation avoisinera les 100 CV.
Après une ultime saison de crevette consacrée à la formation de son dernier patron propriétaire. Jean Saint-Aubin, la Sainte Bernadette prend sa retraite en 1987. Elle finit amarrée au bout du quai Sainte Catherine dans l'indifférence générale. Il n'y a plus de place pour les bateaux creux sur l'estuaire de la Seine. L'avant-port n'est plus à marée: plus moyen de se laisser mourir sur la vase molle. Les chasses bruyantes, les débarues joyeuses, les odeurs et le miroitement des marées basses appartiennent à une époque révolue. Leur lumière demeure cependant, capturée par le regard des peintres impressionnistes inspirés par Honfleur et ses bateaux.
Rachetée en 1990 par une association 1901 de passionnés, « La Chaloupe d'Honfleur », restaurée et entretenue dans la tradition, la Sainte Bernadette a été classée Monument histoirque en 1991 et nommée lauréete du Concours « Bateaux des côtes de France » en 1992. Elle navigue sous voiles pour le plaisir de tous, vivante image du patrimoine maritime des pêches françaises à Honfleur.
(1) Galbord : premier bordé partant de la quille - CN : construction nautique (2) Auricisé : transformé en gréement aurique avec voile à corne et voile de flèche.
The « Sainte Bernadette » was built in 1926 at Meterie's shipyard in Honfleur as one of the last ships with a gaff rigged sail.
Its original owner christened it "Serge-Olivier", over his two children. In March 1933, the original 8 HP engine was replaced with a 12 HP version. On June 6th 1944, all the boats in Honfleur's harbour were destroyed by the German troops, including the "Serge-Olivier", which was severely damaged below the waterline on starboard side.
After it had been repaired, the boat was sold in 1954 to Jacques Cauchols, who named it "Saint-Bernadette", to honour his wife.
The engine had been changed for a more powerful one in 1965 (75 HP) and again in 1976 (95 HP). The boat changed hands twice again before being given up for destruction.
In 1990 though, a few enthusiasts set "La chaloupe d'Honfleur" up, in order to salvage and restore the boat as a unique survivor of its time, both in terms of naval construction and fishing techniques. So they applied to the Cultural Department for recognition and support. As a result the boat was scheduled as an ancient monument.
This restored old fishing boat with its sails (a trapezoidal sail that is rigged entirely aft of the mast, its top edge is supported by a diagonal yard called a gaff) is the witness of a maritime know-how. Its elegance appeals to both artists and historians. It has been an inspiration to the impressionists, Eugène Boudin, Henry de St Delis and to many contemporary painters.
Fiche technique:
Construction navale. Shipbuilding:
Chantiers Méterie 1926
Longeure avec bout dehors. Length: 13,90 m.
Largeur: 3,10 m
Tirant d'eau. Ship's draught: 1,33 m.
Poids. Weight: 13,5 t.
Voilure. Sails: 80,50 m2
(Grand voile 38 m2; Trinquette: 10,50m
2;
Foc: 19,70 m2; Flèche: 12,30 m2)
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